Espace-temps ?
« Que reste-t-il alors ? Si l’ouvert n’est pas le temps-devant-nous comme avenir ni l’espace-devant-nous comme champ de vision et d’action, il doit être compris comme quelque chose qui est ouvert dès avant qu’il n’y ait des orientations spatiales et temporelles »
Peter Sloterdijk
L’ouvert ?
Où ?...
Vers ?...
Penser l’ouvert…
Vers où …
Où se trouve le sens ?
En faisant retour sur la question de l’ouvert…
« Désormais, l'espace en soi et le temps en soi ne sont plus que des ombres vaines et seule une sorte d'union des deux préservera une réalité indépendante», affirmait Minkowski à la naissance de la notion d’espace-temps.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Une pensée en train d’être perçue, en elle-même, comme pensée à l’œuvre de formation appartient-elle, vraiment, à l’espace-temps ?
La faculté de penser dans son essence…quantique serait-t-elle hors du temps classiquement admis ?
Pour certains chercheurs, pourtant, « les illusions péniblement conquises que sont nos présentes idées sur l’espace et le temps » peuvent être balayées à tout moment par une théorie qui les remplacera. Celle-ci fera assise, un temps, elle aussi, à l’élaboration théorique développée dans un espace-temps déterminé. Les Théories, en tant que telles, sont-elles des expérimentations de la pensée qui se sonde elle-même ? L’exemple fictionnel véhiculé à propos d’un passager voyageant dans une navette frôlant la vitesse de la lumière n’en est-il pas une représentation iconique. En effet aucun homme et aucune matière cérébrale n’ont été soumis à ces conditions d’accélération.
La physique jusqu’alors cherche à repérer l’évènement. Oui …le temps comme « mouvement » dans l’espace donnerait naissance à un évènement. Position et date sont la base des coordonnées nécessaires pour en calculer l’occurrence. Mais aujourd’hui comment aborder l’émergence d’une autre approche plus informationnelle et moins événementielle ?
Par la théorie des cordes et des supercordes, l’approche de la dimensionnalité de l'espace-temps (quatre) est en train d’être révolutionnée car les dimensions spatiales en requièrent six de plus et que leur compactification est telle qu’elles échappent à toute échelle expérimentale.
Cette thèse ne pointerait-elle pas la source corticale sous-jacente, silencieuse et systémique qui en dirigerait la forme émergente ?
Pourrions-nous nous interroger sur la nature même de l’information qui dépendrait des lois structurelles et organismiques de notre néocortex.
Les systèmes d’information tels que nous les concevons, consomment de l’énergie, nécessitent du stockage et visent à une élucidation, sans toutefois que soit posée la question du champ d’unification que sont les structures abstraites et archétypales sous-jacentes à tout l’existant dont notre néocortex a la formule secrète.
Le saisissement des processus de l’in-formation passerait par des processus cérébraux qui en assureraient la saisie adaptative. Connaissance.
Notre inscription dans le temps et l’espace n’est-elle pas soumise à la question de « l’Information pure » : celle qui parcourrait l’univers et dont nous serions les capteurs et les traducteurs ?
Alors pourquoi n’admettrions-nous pas dans nos pérégrinations mentales un autre rapport à l’espace-temps ?
Une méta-loi qui permettrait d’édifier un autre tissu culturel et réel et qui s’appuierait sur l’architecture néocorticale telle que Dominique Aubier la révèle dans « La face cachée du cerveau ».
L’unicité du temps et son écoulement sont définis par la notion de passé, d’un passage par le présent, et d’une attraction vers le futur. Tout se joue sur la relation entre le temps et les phénomènes. Temps cyclique. Temps événementiel…
Pourtant la présence de l’homme n’appartient pas seulement à l’espace-temps à quatre dimensions.
Le temps de la faculté de cérébralisation opérée dans un champ systémique intérieur renvoie à des processus de formation de l’univers. Processus que l’on qualifie aujourd’hui de… quantique.
L’ouvert ?
Ne serait-ce pas s’ouvrir, accueillir, laisser cheminer dans le distillat de notre pensée qu’une information a-temporelle est, et que des cycles s’y emboitent et font surgir des temps qui en stratifient la formation ?
Notre manteau cortical avec ses différentes strates cellulaires n’en contraindrait-il pas la mémoire et n’en serait-il pas en même temps la représentation ?
Dans sa puissante faculté de décodage, l’humain donne naissance …à l’ouvert à l’existence.
Existence ? Existentia
Exsisto, Exsistere : signifie «sortir de», et par suite «naître», et aussi «se montrer», « s’élever ». Être et essence.
Qu’est-ce en effet qu’exister, sinon provenir de quelque chose, c’est-à-dire substantiellement être à partir de quelque chose?
Mais cela se « Sait » où ?
Où cela se conceptualise ?
Où cela est-il intelligible ?
Peut-on parler d’une manière intelligible d’un système qui sous-tend justement cette préscience. Préscience qui se situe en dehors de toute disposition expérimentale, mais qui est cependant sensible au seul fait de capter l’intentionnalité de ce qui est en train d’être investi par la pensée qui s’établit ?
« Mais quels éléments de notre savoir actuel peuvent-ils nous laisser appréhender la science future ? Il est clair qu’il ne peut pas s’agir des applications réussies des théories actuelles, puisqu’elles ne nous amènent pas au-delà de ce que nous savons aujourd’hui. Il faut plutôt regarder vers les énigmes qui résistent à l’élucidation » John Wheeler.
Question purement physicienne ?
Question métaphysicienne ?
La Physique aujourd’hui n’est-elle pas dans l’exigence de compréhension de ce que serait la conscience, la connaissance dont les propriétés ne peuvent plus être maintenues hors champ. Devra-t-elle s’ouvrir à d’autres approches afin que dans son propre domaine, l’activité des deux hémisphères nécessaire à une cérébralité pleine et réussie offre une vision à la fois plus simple et pourtant plus aigue de notre place en tant que lecteur-concepteur de l’Univers.
Ainsi conclut John Wheeler : « Pouvons-nous vraiment nous attendre à comprendre l’existence ? Nous avons des pistes et du travail pour progresser en la matière. Un jour sûrement, pouvons-nous croire, nous trouverons l’idée maîtresse de tout cela si simple, si belle, si irrésistible, que nous nous dirons les uns aux autres : « Oh ! Comment aurait-il pu en être autrement ! Comment avons-nous pu rester si longtemps aveugles!»
« Se pourrait-il que pendant tout ce temps, nous ayons oublié le point essentiel, à savoir l’usage du phénomène quantique dans la construction de l’univers même ? » John Wheeler.