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Interprétation Quantique
6 mars 2015

Enfreindre ses limites

« Pour aller au bout de l'homme, il est nécessaire en un certain point, de ne plus subir mais de forcer le sort »

                               Georges Bataille        dans « Expérience intérieure »

Ne plus accepter de répondre à des critères impersonnels qui nous rendent inquiets, est-ce cela enfreindre les limites ?

Comme dit un sage indien ce ne sont pas les hommes de guerre qui sont le problème, c’est l’immobilisme des gens de bien. Serions-nous paralysés par le doute ? Par nos idées qui peinent à trouver leur cohérence ? Nous nous sentons hésitants, tendus souvent en lutte avec nous-mêmes, stagnant au carrefour des possibles. Le choix devient embarrassant et douloureux car nous n’avons pas enregistré le « vrai lieu » pressenti,  préoccupés que nous étions par des considérations usées.

Ainsi tout discours sur la mondialisation dissimule sa stagnation en ne pointant pas les besoins d’universalité que cela suggère dans son inversion. La globalisation et sa massification en sont les conséquences fâcheuses qui nous assujettissent, alors que le renversement de ces concepts dégagerait la recherche d’unicité et de corrélation qui nous guide.

De même pour le « présentisme » qui est à « l’instant présent » ce que la foire est à la célébration.

 Enfreindre : « infringere » en latin : briser, choquer, briser le rythme, la période et j'ajouterai ses accommodements.

Le lâcher prise en fait partie. Le changement de plan est radical. La relance de l’énergie est immédiate. On parle de phénomène de renaissance. L’étrangeté qui s'installe en soi est vécue comme un commencement. C’est à ce moment-là seulement que nous prenons conscience des tabous hérités et des peurs de l’inconnu qui nous confinent dans un espace précautionneux à l’abri d’un soi-disant délire. Le lâcher prise permet de s’extraire de l’emprise de nos « devoirs ». Il souligne clairement l’emprisonnement occasionné par nos grilles de lecture qui ont fait long feu et qui, reconduites par nos automatismes (c’est-à-dire nos pentes favorites), nous précipitent dans des calculs mortifères.

Lâcher la mainmise, le « maintenir » comme le dit élégamment Marc Alain Ouaknin, afin d’accueillir l’impromptu. Parfois les circonstances en décident autrement. Nos plans en sont bouleversés mais notre dimension intrinsèque, notre unicité sont préservées. La vie lit parfois au plus profond de nous-mêmes dans la zone où « ça se sait » alors que nous n’étions pas au courant mais nous en avions sans doute été avertis d’une manière subtile.

Mais combien sommes-nous oublieux de notre justesse ? Voulant répondre aux sollicitations, nous ne protégeons plus la part intime qui cherche son propre champ. Le souci d’être sincère, la recherche d’une assise épanouie et le besoin d’être centré sont nommés : égoïsme.

Il n’est pas question d’être indifférent mais vigilant. Il est nécessaire de dépasser nos craintes liées à toutes sortes de peurs « parasitantes » et paralysantes. L’effet apaisant qui découle de notre dépassement est que l'envie de se justifier se dissout pour laisser place à la confiance en notre pouvoir de discernement. Un égard structurant se met en place au plus profond de l'être. Cette structure douce est une invitation à initier sans réticence un nouveau rapport au texte qu'est la vie.

Si la peur de l'égarement provoqué par des champs inattendus n'a plus la priorité dans notre économie intérieure, une forme de lutte, de guerre s’apaise. Peine perdue que de passer son temps à vouloir réécrire ce qui ne nous convient pas ou à combattre ce qui ne nous paraît pas convenable ou orthodoxe. Cherchons ce qui nous accueille et à quoi, en retour nous donnons notre attention.

Une fois qu'un choix porteur est ciblé, il s'agit  d'aller jusqu'au bout de soi quitte à bousculer les circonspections qui se cramponnent. Il est toujours possible de dire un stop ferme à nos embarras afin de dire oui à nos étonnements. Notre rythme respiratoire change et s'adapte à la fréquence vibratoire plus fluide qui se présente.

La transgression comme acte questionnant est sans violence,  ferme et libératoire. « Transgresser » c'est passer de l’autre côté, c’est aussi franchir le col. Le col, le cou ...laisser le passage à la question sans la ravaler. Ne pas l' « avoir en travers de la gorge ».  Comment sortir de ses propres non-dits ? Ceux qui concernent les conditionnements acquis qui nous exilent de notre vraie condition d’humain qui est celle, avant tout,  de nous prononcer. « Le langage n'est pas la vérité il est notre manière d'exister dans l'univers » Paul Auster.

Ouvrir le champ de sa pensée est un acte presque athlétique. Il faut travailler sa condition. Souffrir parfois de son propre manque d'endurance et puis tout-à-coup, au cours de l’effort, un allégement se produit et nous voyons alors nettement la promesse de la trajectoire dessinée. Combien de livres entamés nous tombent des mains puis repris plus tard nous paraissent si désaltérants et si clairs ?

Tout mouvement tend à s’inverser quand le processus atteint son lieu de saturation. Devant l’excès d’entropie, la vie opère un retournement : « ευτροπή » en grec signifie changement de disposition, retournement.

Pourrions-nous traiter ce genre d’information si notre Cerveau n’en contenait déjà les dispositions inscrites dans son architecture ?

Ce qui est au début de la genèse d’une idée, d’une situation, se reformule à la fin du cycle qui en a vu l’expansion. Retour au motif initial, comme dans les bonnes pièces de théâtre !

Enfin la notion d’éternel retour n’est pas un sentiment mais une procédure qui fait qu’un cycle se conclut en réintroduisant ce qui l’a initié. Cette même disposition existe dans le cerveau du monde où, après des millénaires, est abordée une notion proche de la naissance spirituelle d’une idée à l’aube de cette civilisation. On appelle cela une nouvelle naissance, une régénération.

Dominique Aubier dans son ouvrage « l’Ordre cosmique » écrit : «  La constatation érigée en loi qui a valu le prix Nobel de physique à Ilya Prigogine en 1972 fait valoir l’existence, pour tous les systèmes, d’une conclusion salutaire, sinon salvatrice ».

Le lâcher prise prend alors un sens nouveau si on le considère comme faisant partie d’un cycle qui se déploie. Il est le garant de notre intégrité.

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