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Interprétation Quantique
11 mars 2015

Atteindre l'autre rive

« Entre les rives du même et de l'autre, l'homme est un pont »

                             Jean-Pierre Vernant    Dans  « La traversée des frontières »

L’urgence peut être un point de vue. La précipitation qui en est issue répondrait à une forme de lutte. Serait-ce la volonté de ne pas se laisser ensevelir par la désinformation anxiogène qui perturbe notre réceptivité ? Comment passer d’une rive à l’autre afin de trouver son rythme ?

Cela s’opère souvent lors de moments de crise forte, de danger frôlé. La plupart du temps, l’évolution spirituelle n’est pas « un long fleuve tranquille ». Elle procède par bonds qualitatifs et énergétiques.

Des fissures s’opèrent sur les points affaiblis de la structure. Pour pouvoir franchir le pont, il faut connaitre ses failles. Se reconnaitre. L’ouverture à la spiritualité peut traiter des fractures internes. Le clivage, terme employé en sciences (qui fait référence à la fracture du cristal) peut ainsi être travaillé. La notion d’intangible permet de s’interroger sur ce qui est unique et qui doit rester intact en nous. Sans compromission. Cette compréhension concerne aussi la résonnance du verbe.

La plupart du temps nous soliloquons. Nos mots brouillardeux entretiennent la confusion car ils ne sont que bruit. Ils sèment aussi une forme de panique cellulaire dans notre moteur psychique qui ne comprend ni la formulation, ni le but. Combien de souffrances épargnées et de transformations seraient à la clé d’une énonciation brève et nette ?

Devenir aimable envers soi-même, c’est aimer se sentir clair, clairvoyant et ne plus tromper son vécu par des formules recuites.

C’est déjà cela changer de rive. Ne plus être rivés à d’anciennes lunes qui nous font dérive. Faire avec ce qui nous déroute.

 Revenir à l’enfant : est-il dérouté par ses apprentissages ? Sûrement pas. Ce qui le perturbe ce sont les calculs et les peurs de son entourage qui lui minent le terrain. La stagnation comme lieu d’agitation. Paradoxal. Agitation en réponse à la stagnation : cercle vicié.

Pour la plupart d’entre nous la vie fait office de parentalité. Ne restons pas dans la macération mais sautons la flaque ! La vie nous y invite. L’air du temps malgré « l’épaisseur informative » est favorable au ressaisissement spirituel.

« La pensée est ce qui est capable de transformer les conditions de la pensée » Edgar Morin.

Oui notre verbe est concerné. Il est l’agent de passage. Pont entre le même et l’autre en Soi. Un beau jour, les mots prononcés n'ont plus le même impact. Ils se mettent à vibrer. Ils transportent la perception d'un lointain possible.  S'éveille alors en nous la conscience qu’il n'est plus question d'en « rester là » où l'immédiateté de notre parole met en abîme la présence.

Notre présence au monde est appelée au cours d’une vie à se reformuler. Puis un jour, la nécessité de sculpter son espace intérieur par des mots qui lui correspondent transforme son rapport au monde. La poussée exercée dans un intérieur qui se soulève doit trouver ses supports expressifs. Passer sur l'autre rive du temps ... se consacrer à sa justesse.

 « L'homme se possède par éclaircies » écrit Antonin Artaud dans l'Ombilic des limbes. Ces éclaircies sont des surgissements venus des empreintes fondatrices  propices à impressionner la mémoire ou l'intellect.

Faire les liens entre les recherches scientifiques, universitaires et les préoccupations ontologiques permet à chacun de découvrir des échos, des articulations, de faire des liens et de se livrer à de prégnants allers et retours. Faire le pont.

La dimension scientifique, nourrie par l’intuition est déjà présente dans cette quête de mots et de sens.

Niels Bohr nous précise que « la physique quantique porte non pas sur la réalité mais sur la connaissance que nous en avons ». Oui nous nous demandons quelle est la réalité ? Quel est notre territoire perceptif ?

Pour certains physiciens, l’idée de l’existence ou de la non existence d’un monde extérieur réel est une question dénuée de sens. Cela relève pour eux du domaine de la métaphysique.  Ils considèrent que seule compte l’expérience projetée sur la nature du monde. Le prix Nobel de physique Eugène Wigner quant à lui affirme : « Quelle que soit  la direction dans laquelle pourront se développer nos concepts futurs, l’étude approfondie du monde extérieur conduit à la conclusion que le contenu de la conscience est la réalité ultime ».

 La rencontre des savoirs et de la Connaissance remet la question de la conscience au centre. Les savoirs acquis, mémorisés, agencés, répertoriés rejoignent la Connaissance invariante pour constituer le passage vers une information universalisante. Pont vers une conscience accrue.

Les acquis scientifiques ne flotteraient plus dans un océan des possibles mais seraient accueillis et enrichis par la Connaissance qui donnerait le Sens.

L’humain serait remis au centre. Pont franchi.

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